vendredi 28 janvier 2011

L'amûûûr...

Le cœur gonflé de joie, Catherine et Victor se promenaient dans la rue, main dans la main. Les deux jeunes tourtereaux venait d’emménager ensemble, dans une minuscule chambre de bonne à quelques pâtés de maisons et même les toilettes sur le pallier et les voisins bruyants ne parvenaient pas à entamer la mine réjouie qui s’affichait en permanence sur leurs figures.

_Oh, et je veux un bouquet d’orchidées ! s’exclama Catherine en pointant son doigt en l’air.

Ils étaient en train de finaliser les derniers détails de leur mariage, qui devait avoir lieu le samedi suivant, dans le petit village des parents de Victor. C’était leur sujet de conversation favori pour ne pas dire l’unique.

_Tu vas être tellement belle ma chérie ! fit Victor, un air de profonde admiration au fond des yeux, comme s’il voyait déjà Catherine dans sa grande robe blanche, au seuil de l’église de campagne.

Catherine, tirée de ses rêveries de fleurs et de dentelles, jeta un regard malicieux à son fiancé. Elle sourit de toutes ces dents.

_Oh merci mon amour, fit-elle en lui apposant le doigt sur le bout de son nez. Toi aussi tu seras magnifique, d’ailleurs maman m’a dit qu’elle avait pratiquement fini ton smoking. Il ne reste que quelques détails, elle voudrait que tu passe quand tu auras un peu de temps.

_Hum oui, après-demain je pense que ça sera parfait.

_Super, s’écria Catherine. Oh et, aussi, j’ai trouvé la paire d’escarpins parfaite pour aller avec ma robe. Ils n’en avaient plus à Paris alors j’ai appelé toutes les boutiques de la région et j’ai réussi à en trouver une paire dans une petite enseigne, pas très loin de chez tes parents. Ca fait loin je sais mais tu penses que tu pourras aller les chercher par la même occasion, je veux tout essayer ensemble avant le grand jour…

Victor fit semblant de réfléchir. Catherine, toujours souriante, lui tira le bras.

_Mais oui bien sûr ! Ahlala qu’est-ce que je ne ferais pas pour ma petite femme ! gazouilla-t’il finalement en pinçant doucement la joue de Catherine.

_Merci mon cœur ! répondit cette dernière en posant sa tête sur l’épaule de son cher et tendre.

Catherine et Victor tournèrent dans une petite rue. Un peu plus loin, en face d’eux, un petit couple de vieillards se tenait sur un banc. Ils paraissaient très âgés mais se tenaient tout de même collé l’un à l’autre. Tous deux étaient très élégants. La femme était soigneusement coiffée et tenait entre ses mains un beau bouquet de fleurs. Son mari, quant à lui, portait un chapeau et arborait un air des plus dignes.

_Oh, regarde comme ils sont mignons, s’enthousiasma Catherine comme s’il s’agissait d’un couple de moineaux. Ils ont l’air si amoureux, même après toutes ces années ! J’espère qu’on sera pareil !

_Bien sûr mon amour, je t’offrirai des bouquets de fleurs, comme ce vieux monsieur, répondit amoureusement Victor en se tournant vers sa dulcinée pour apposer un long baiser sur ses lèvres.

_Bon, c’est bon, on peut repartir là ? On va pas passer la journée sur ce banc quand même !

_Oooooh mais elle m’enquiquine celle-là ! C’est de ma faute si j’ai mal au dos ?!

_T’avais qu’à moins aller dans les bordels quand on était jeunes marié, t’aurais certainement moins mal au dos vieux pervers !

_Tu me gonfles Germaine ! TU-ME-GONFLES ! Si tu veux savoir, c’est à peu près la seule chose que je ne regrette pas dans notre mariage !

_Ah ben elle est belle l’Institution maritale ! Qu’est-ce qu’on est con quand on est jeune ! Ah mais, si j’avais su, si j’avais su, jamais ! Tu vois ces deux chamallows qui viennent de passer là, ces deux jeunes à peine sortis de la puberté qui s’embrassaient comme si deux grosses sangsues se battaient dans leur bouche…

_Oui c’était dégueulasse, deux crétins, savent pas c’qui les attend…

_Exactement ! Ils savent pas ce qui les attend ! Si on m’avait dit que je finirai avec un vieux crouton qui sent le moisi et la pisse, j’aurais pas signé crois-moi… Bon allez lèvet-oi, dépêche toi un peu, faut aller au cimetière déposer ce bouquet sur la tombe de ma mère, qu’on en finisse.

_Ta mère, fit le vieillard en se levant avec peine, même six pieds sous terre elle continue de m’emmerder !

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