mercredi 19 janvier 2011

La page blanche

« C’est l’histoire d’une page blanche. »

Bordel c’est nul ! Je dois écrire quelque chose et ça ne vient pas. La page blanche, le vide, le néant, l’absence d’idée. Qu’est ce que je vais bien pouvoir raconter aujourd’hui?

Quand ça veut pas, ça veut pas, comme ce matin. Bon alors creusons nous la tête, ça tient à rien une histoire… euh… une histoire, une histoire avec… avec… cette gomme par exemple. Voilà ! C’est l’histoire d’une planète où tout le monde vit sous la menace perpétuelle d’une gomme géante, maléfique et toute puissante, qui efface les gens selon ses envies !

Cette idée est totalement nulle. Nulle, nulle, nulle. Nulle comme moi. Je suis naze, une merde, un moucheron. Je n’ai que des idées pourries. Pourquoi j’écris ? J’aurais du écouter ma mère et devenir vendeur de voitures.

Tiens justement ! C’est l’histoire d’un vendeur de voitures qui… eh bien ce vendeur de voiture, il a un garage qui… qui est magique !

Mais qu’est-ce que tu racontes ? Franchement. Non c’est tout, je suis nulle c’est tout. Tout ce que je fais là, c’est à chier. Comment on fait pour raconter une histoire à partir de rien ? Les gens vont finir par se barrer ! Je tourne entre ces quatre murs, l’œil rivé sur mon ordinateur, et il ne passe rien ! Comment on peut trouver l’inspiration comme ça ?

J’en ai assez du trip de l’écrivain tourmenté dans sa tour d’ivoire. Je vous en foutrais des tours d’ivoire moi. C’était facile au temps des grandes épopées et des voyages romanesques, m’étonne pas qu’ils étaient inspirés les mecs ! Mais aujourd’hui ? Non vraiment, aujourd’hui je veux dire : comment on fait pour pondre un chef d’œuvre qui vous prend aux tripes entre deux discours télévisés policés à mort et un aller-retour pour Djerba la Douce avec Lookeo en classe éco ? Pas très romanesque tout ça, de quoi filer le bourdon à n’importe quel aventurier. Et si, en plus, comme moi, on ne l’est pas de toutes façons et qu’on a le mal au cœur dès qu’on monte sur un bateau mouche, c’est pas gagné c’est moi qui vous le dit !

J’ai rien à raconter, je suis une imposture depuis toujours et je vis dans l’angoisse perpétuelle qu’un jour, quelqu’un s’en apercevra.

Allez s’en est assez, j’attrape mon caban, mon feutre et mes gants en laine, et je vais faire un tour dans le square à l’autre bout du quartier. Au milieu des enfants qui jouent et des nannys, peut-être l’inspiration reviendra-t-elle, peut-être que l’un d’entre eux me soufflera à l’oreille l’idée qui fera de moi un écrivain célèbre et renommé (car les enfants n’ont pas l’imagination bridée des adultes, c’est là leur plus grand talent). Et qui sait, un jour, peut-être, quelqu’un écrira-t’il sur moi ! »

Yvan referma la porte de son appartement, et s’élança dans la rue.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

CHAPEAU!