mardi 25 janvier 2011

Maline comme une fouine

Salima était une fouine tout ce qu’il y a de plus convenable. Elle habitait avec ses enfants dans le toit d’une belle maison rose, à la campagne. Son compagnon, avec qui elle vivait en union libre, batifolait depuis plusieurs années. Tantôt ici et tantôt là, on ne pouvait pas vraiment compter sur lui même si, Salima devait l’avouer, il était un père formidable pour ses petites fouines.

Les colocataires de Salima étaient de grands humains très étranges. Euphémisme à propos des Hommes puisque ceux-ci semblaient démontrer une asocialité à la limite de la pathologie psychiatrique ! Dès que Salima en croisait un, malgré son désir d’établir un contact amical et civilisé avec cet individu, elle avait remarqué que le même phénomène se répétait invariablement : l’humain commençait par la fixer avec des yeux ronds, puis son visage se contorsionnait en une affreuse grimace, et enfin, l’inévitable hurlement survenait, déchirant les oreilles délicates de la fouine.

Or donc, avec ses colocataires récalcitrants, dans sa maison rose, Salima se trouvait dans l’impasse. Cela faisait plusieurs années que ses voisins tentaient de les expulser par la force, elle et ses enfants. Ils usaient des méthodes les plus barbares et les plus archaïques, des boulettes vertes que Salima repérait à trois kilomètres jusqu’aux pièges sournois. Le plus grand des humains, un jour où il était particulièrement mal luné, avait même sorti une carabine ! Quelle impolitesse, quelle folie !

Salima était révoltée de voir ainsi ses droits de fouine piétinés dans la boue par une famille de timbrés qui ne les laissait même pas s’adonner en paix à la parade amoureuse du printemps. Soit, cela faisait du bruit mais enfin, il faut bien que jeunesse se passe et que la race perdure ! Salima n’était pas née de la dernière pluie, et elle avait bien l’intention de se défendre. Après de longues recherches, elle avait trouvé les coordonnées d’un avocat. Elle y avait rendez-vous l’après-midi même pour expliquer sa situation.

Salima se frotta les pattes :

_Ils vont voir ce qu’ils vont voir ces malotrus ! se réjouit-elle en riant comme savent le faire les fouines.

Puis Salima se remit à ranger son petit intérieur cossu. Il lui fallait en effet tout préparer rapidement : sa famille proche lui rendait visite dans quelques jours. En petit comité, juste une trentaine.

1 commentaire:

Alice B. a dit…

Fouine ? Maison rose ? Heehe...